Ce travail explore la représentation que les romanciers noirs sud-africains (africains et métis) font des groupes sociaux au sein de la communauté noire sud-africaine. Dans la première partie, nous montrons que l’Afrique du Sud noire est traditionnellement un pays de diversité. Cette diversité existait déjà au sein de l’Afrique du Sud précoloniale (groupes ethniques, groupes d’âge et de sexe, etc.). Cependant, la venue du colon blanc raciste y a instillé de nouvelles cassures, tout en modifiant profondément la structure. La deuxième partie montre que ces nouvelles cassures (divisions et diversité politico-raciales, socio-économiques, culturelles, linguistiques, religieuses, etc.) font un peu plus de l’Afrique du Sud noire postcoloniale une société de sociétés et de dialectiques. La troisième partie démontre que, curieusement, cette diversité particulièrement criante sur les plans historique et politique, ne transparait pas à la lecture de la fiction noire sud-africaine. Au contraire, il y prévaut plutôt une représentation du monde noir qui, submergée par la dialectique de l'opposition raciale entre blancs et noirs, tait les clivages politiques, socioéconomiques, ethnolinguistiques, culturels et religieux qui le minent conséquence : le lecteur tire de cette fiction une impression d'unité et d'homogénéité qui falsifie l'image connue de l’Afrique du Sud noire