"Sade dit ceci: le crime parfait n'existe pas, car il est hors de portée de l'humanité. L'homme ne peut prétendre qu'à des actions de l'ordre subcriminel. Dans les lignes suivantes, Sade montre ce qui rend le crime impossible: “pour moi, mon imagination a toujours été sur cela au-delà de mes moyens; j'ai toujours mille fois plus conçu que je n'ai fait et je me suis toujours plaint de la nature qui, en me donnant le désir de l'outrager, m'en ôtait toujours les moyens. – Il n'y a que deux ou trois crimes à faire dans le monde [...] et ceux-là faits, tout est dit; le reste est inférieur et l'on ne sent plus rien. Combien de fois [...] n'ai-je pas désiré qu'on put attaquer le soleil, en priver l'univers, ou s'en servir pour embraser le monde? Ce seraient des crimes cela, et non de petits écarts”." Dans ce travail d'une profondeur et d'une érudition rares, B. L. Koumba s'intéresse aux rapports entre crime et littérature dans l'oeuvre du marquis de Sade. Ce sujet, plus large qu'on pourrait le penser, donne lieu à différentes recherches et analyses, et c'est en convoquant d'éminents philosophes et littérateurs, de Roland Barthes à Philippe Sollers, que l'auteur parvient à défendre avec conviction et pertinence une thèse à la rhétorique admirable. Un livre réservé aux spécialistes, mais qui donnera envie aux autres de redécouvrir, sous un nouvel aspect, l'oeuvre d'un des plus grands génies littéraires que la France ait compté.