La guérison divine semble partout l'œuvre en Afrique centrale (et ailleurs). Elle mobilise puissamment les agents et fidèles des mouvements prophétiques, pentecôtistes ou charismatiques que Joseph Touda a observé de près. A quoi, en qui croit-on et donc obéit-on dans ces lieux prophétiques ? Quelle est la puissance qui, en échange du miracle ou du don de guérison, obtient obéissance et soumission des corps souffrants ? A ces questions, une certaine théologie répond : la puissance à l'œuvre dans les lieux de guérison divine en Afrique est le " complexe fascinant " constitué par les spécialistes des dispositifs rituels traditionnels, assimilés aux agents personnels du démon, coalisés avec les légions de sorciers, les dieux païens de possession, le Saint-Esprit ancestralisé et les esprits transnationaux comme Mami Wata et Mademoiselle. Toutes ces puissances apparaissent en insurrection armée de paganisme et de traditionalisme contre Jésus, l'Etat, la Raison, l'Écriture, la Civilisation, la Modernité et/ou le Capitalisme. Tournant le dos aux contradictions, aux ambivalences, aux paradoxes et aux relations en miroir caractéristiques des significations imaginaires et sociales du travail symbolique, cette théodicée sort le Dieu de la Mission civilisatrice des structures de causalité du malheur. Elle valorise une lecture culturaliste, essentialiste et ethnocentriste des effervescences actuelles de la foi et des miracles de la guérison en Afrique Centrale. Combinant effort de synthèse, réflexion théorique et résultats de recherches récentes menées au Congo et au Gabon, ce livre est une palabre sociologique serrée des hypothèses de la théodicée et des sociodicées africanistes.