Alors que tous ces changements survenaient, le corps froid du vieux Rengombi dormait depuis un moment déjà dans le « Mbandja », le corps de garde, d'où il attendait la veillée pour son enterrement. Oui, Le vieux Rengombi nous avait quitté, sans un réel au revoir, à l'aube de la saison des pluies. Je ne pouvais dire s'il avait bien choisi son moment, mais une chose était sûre : il nous avait quitté, et était allé retrouver les anciens dans le royaume des morts. Comme il l'avait souhaité, son corps allait être enterré à « Edjumbé » et non à la ville, le cimetière de notre village, là où gisaient déjà les corps de nos ancêtres. Quant à moi, pressé par la rentrée scolaire et les impératifs du monde urbain, je ne pouvais rester jusqu'à la veillée funèbre du vieux Rengombi, me laissant comme dernière image de sa mort, son corps posé dans le corps de garde. Un ancien s'en était allé, mon mentor, mon ami, un grain de plus s' était écoulé dans le sablier de l'extinction du monde rural. Je n'avais pas assisté à la dernière marche de son corps vers sa dernière demeure ni à l'invocation de l'esprit des anciens lors de sa veillée pour l'accompagner dans l'au-delà...